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Intégration culturelle avec libre-échange pour la classe moyenne

LES ACCORDS UE-MERCOSUR-CANADA SONT POUR LES PME


Au cours de la première semaine de décembre, le Mercosur a tenu son sommet semestriel à Rio de Janeiro, « une ville maravilhosa », avec l'annonce que l'accord de libre-échange avec l'Union européenne (UE) ne serait pas non plus signé cette fois-ci. 


De loin, un paradis juridique. Ceux qui habitent Rio connaissent la vue panoramique zoom du Christ Rédempteur vers Ipanema qui vous captive de loin mais réveille tous vos cauchemars urbains lorsqu'on s'en approche. De manière analogue au Mercosur, plus la beauté ambitieuse d’une union douanière est négociée en recourant aux affinités culturelles entre ses nations, plus ses incohérences réglementaires locales et communautaires deviennent évidentes.

La loi du Mercosur n'accompagne toujours pas la fervente réalité de l'intégration sociale spontanée de ses citoyens et doit se concentrer sur la circulation des petites et moyennes entreprises régionales car sinon, le libre-échange intra-zone ne se concrétisera pas. Tant qu’elle ne sera pas définie par cette approche intra-zone, ses négociations les plus importantes, comme l’accord UE-Mercosur et l’accord Mercosur-Canada, souffriront de la stagnation.


Affinité culturelle et après ?  L'affinité culturelle entre l'UE, le Canada et le Mercosur a des racines solides et historiques. Le Canada est un pays aussi ancien, agricole et doté de ressources naturelles que les pays du Mercosur. Technologiquement comparable au Brésil et peuplée comme l’Argentine, elle attire l’immigration de toutes les classes moyennes de la planète. En plus de réformer l’ALENA, l’USCMA, avec des progrès juridiques notables axés sur les PME et le commerce numérique, a ratifié il y a six ans un nouvel accord avec l’UE, le CETA (Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne).

L'approbation d'un traité international dépend d'une procédure complexe de coordination entre les provinces canadiennes. L'Alberta, par exemple, a adopté un dispositif juridique permettant d'opposer son veto aux initiatives fédérales susceptibles de nuire à ses intérêts économiques provinciaux.

Il maintient également un système de consultation large et inclusif pour les communautés et les secteurs économiques engagés. Le respect des droits de l'homme et la non-discrimination dans le contexte du commerce international constituent également des piliers juridiques essentiels de toute négociation. Et les accords de libre-échange devraient aider les PME canadiennes.


Pas de place pour les conjectures.  En 2019, lors du lancement de la proposition du nouveau texte de l'accord UE-Mercosur, la France, la Pologne, l'Irlande et la Belgique ont critiqué les quotas élevés accordés, tout en libérant ces mêmes produits avec le CETA. Ils ont toléré les quotas canadiens et rejeté ceux du Mercosur. Bref, les PME canadiennes veillent au respect des normes techniques et celles du Mercosur, on ne le sait pas. 

Avec le Mercosur, la discussion para-tarifaire a eu lieu. Le contrôle de la qualité et les mesures phytosanitaires étaient essentiels pour protéger les normes européennes. Le CETA, en revanche, contient un mécanisme dynamique de coordination et d’information pour les entreprises et essentiel pour les PME. L’argument écologique selon lequel dans le Mercosur l’élevage serait responsable de 80 % de la déforestation de l’Amazonie a conduit à un possible non-respect du Green Deal européen. 

Faire des affaires dans le Mercosur était systématiquement assimilé à un premier accès au marché brésilien. L’Argentine a mis fin à ses aspirations au libre-échange lorsqu’elle a commencé à appliquer des retenues sur ses exportations et à contrôler ses importations, étouffant ainsi ses PME sous les impôts. Le Paraguay a créé le système fiscal le plus compétitif du bloc. L'Uruguay a commencé à proposer au bloc que les négociations bilatérales seraient plus rapides et plus efficaces. La Bolivie a fini par rejoindre le bloc, peut-être même le Chili et le Pérou rejoindront-ils le bloc avec une sortie vers le Pacifique.


Etablissement gratuit pour les PME. Après 22 ans d'existence, la législation du Mercosur a établi certains protocoles et accords pertinents, même si nombre d'entre eux ne sont pas en vigueur. Les juridictions nationales n'écoutent guère les arguments du droit communautaire. La Cour permanente du Mercosur (TPR) devrait être habilitée à émettre des avis consultatifs judiciaires à la demande directe des hommes d'affaires et des particuliers.

Les échanges culturels et économiques fluides entre les pays membres sont dominés par les PME. Les citoyens du Mercosur veulent faire des affaires et circuler avec leurs biens, leurs capitaux et leurs services au sein du bloc. Le fait que la libre circulation des personnes ne soit pas exprimée parmi les libertés du Traité d'Asunción porte atteinte au droit à l'intégration. Concernant la gratuité du séjour, il n'existe aujourd'hui rien d'autre qu'un séjour temporaire de deux ans.

Il existe encore moins de norme de libre établissement. Pour la reconnaître dans le Mercosur, il faut incorporer une notion d'entreprise et d'entreprise, qui permet l'ouverture de filiales, le transfert de siège social, un contrôle régional transparent des entreprises, la reconnaissance réciproque des dettes et le paiement des dépenses. à l'étranger, simplifier l'admission de la personnalité juridique, étendre le traitement national, entre autres outils. La liberté d'établissement et la libre circulation des travailleurs constituent la pierre angulaire juridique de l'intégration économique.

Avec la liberté d’établissement, le Mercosur devrait transformer et intégrer les ressources énergétiques, mettre librement en circulation ses capitaux – y compris les technologies financières – et renforcer l’omniprésence des entreprises technologiques. Si l’UE-Mercosur suit le modèle du CETA, cette intégration dépend de l’observation et de l’étude de la manière dont les PME s’intègrent et de la façon dont la classe moyenne circule au niveau régional au sein du Mercosur.


Le CETA des PME et de la classe moyenne. L'Irlande, l'un des pays opposés à l'accord UE-Mercosur, est l'un des principaux bénéficiaires du régime CETA. Lors des négociations, il a remis en question la progressivité de ses règles car elles autorisent la circulation des prestataires de services et des travailleurs. Le Parti vert irlandais l'a qualifié de « cheval de Troie » pour les grandes entreprises et aujourd'hui, 90 % des PME européennes et canadiennes opèrent via le CETA. L'Irlande abrite presque toutes les filiales canadiennes opérant dans l'UE et près de 700 entreprises irlandaises ont été constituées au Canada. Le Canada a reconnu 143 allégations d'origine pour des produits irlandais (dont le célèbre whisky) sans affecter la compétitivité de ces mêmes produits canadiens. Le régime de libre prestation de services a complètement ouvert la finance, les télécommunications, la médecine et la recherche à l'innovation. Création d'un cadre accéléré pour la reconnaissance des diplômes professionnels.

L'article 10 du CETA autorise le mouvement temporaire des employés et des dirigeants des entreprises et autorise davantage de visas d'investissement.

Le système de règlement des différends du CETA a initialement été largement critiqué. Avec la modernisation de la légitimation « investisseur-pays », le CETA a permis aux entreprises d’être des partis d’opinion et des demandeurs, en instituant un système de rotation pour la nomination du panel d’arbitres.

L’AECG est aujourd’hui connu comme un accord de libre-échange pour la classe moyenne. Le 30 avril 2019, la Cour de justice de l'UE (CJUE) a estimé (n° 1/17) que le nouveau système de règlement des différends de l'AECG est compatible avec le droit européen. Le Mercosur doit être modernisé juridiquement et permettre au TPR de donner son avis sur l'application dynamique des libertés communautaires et de se prononcer sur l'impact régional des accords de libre-échange.


Canada-Mercosur : six conditions juridiques. La note d'accord bilatérale de 2018 établit une étude sur l'impact de la libéralisation des échanges sur l'environnement et le travail contre la discrimination. Selon Affaires étrangères Canada, la consultation du Comité permanent du commerce international (SCIT) en décembre 2018 a établi six conditions pour l'accord avec le Mercosur. Le 3 avril 2019, l'honorable Jim Carr, aujourd'hui décédé ministre des Affaires étrangères du Canada, a pris note de ces conditions et les a approuvées, expliquant sa stratégie de négociation au Parlement. 

Premièrement , les entreprises canadiennes qui auront la priorité sont les logiciels, l'éclairage, la pêche, le canola, la technologie, les pièces automobiles et l'équipement agricole.

Deuxièmement, le recours abusif aux barrières non tarifaires oblige le Canada à exiger que le Mercosur établisse des règles exécutoires pour les combattre. Les licences pour le commerce extérieur, les coûts de change, la protection des investissements dans la biotechnologie agricole et la propriété intellectuelle exigent un système de consultation bilatérale actif et efficace.

Troisièmement, veiller à la compétitivité des entreprises canadiennes nécessite la création d’un système de règlement des différends pour empêcher les subventions injustifiées. De même, le Canada exige un système d'information permanent au Mercosur au même niveau que le Canadian Business Network pour les entreprises qui souhaitent accéder à son marché.

Quatrièmement , le Canada exige l'inclusion de clauses multiculturelles qui respectent la Convention de l'UNESCO pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

Cinquièmement, le Canada examinera la protection des investissements de ses entreprises, reconnaissant le droit de prendre des mesures dans l'intérêt public.

Sixièmement, l'internationalisation et l'information des PME doivent s'opérer en les incluant pour garantir que leurs opportunités commerciales et d'investissement circulent. Le Mercosur doit accepter les chapitres sur l'admission de la main-d'œuvre et la fourniture de services, la protection de l'environnement et l'accès à la technologie, détaillant la relation entre le commerce et le genre, le commerce et les nations autochtones. Pour l’environnement, l’accord doit créer un régime garantissant une gouvernance solide, exécutoire et ambitieuse dans le cadre du libre-échange international sans pour autant déroger aux principes.


L'intégration dépend du libre-échange des PME. Sans grande précision juridique, le point 16 du texte de l'accord UE-Mercosur proposé à Bruxelles le 1er juillet 2019 vise à instituer un échange d'informations sur l'accès au marché pour les PME, en répertoriant uniquement les codes et taux tarifaires, les règles d'origine et autres des exigences d'importation un peu plus spécifiques. L’UE et le Mercosur doivent se mettre à niveau avec le système CETA car les PME représentent aujourd’hui le poumon des échanges et de l’intégration internationaux.

L'accord UE-Canada maintient un comité mixte qui détermine activement les étapes spécifiques que les PME doivent suivre en Europe et au Canada, dans le cadre d'un plan de travail qui rend publiquement compte de ses résultats.

Le Mercosur doit démontrer au monde qu'il dispose des instruments juridiques pour garantir la circulation interne de ses PME. Le fait qu'il n'offre pas de structures d'information technique efficaces et qu'il n'explore pas de manière exhaustive l'intégration régionale de ses PME constitue une grave lacune. Depuis l'ancienne résolution 59 du Groupe du Marché commun de 1998, le Mercosur pour les PME n'a pas été modernisé.

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